Wednesday, September 5, 2012

 Meurtres d’Etat en Gambie : l’UA et la CEDEAO doivent agir




Sept organismes internationaux ont publié une déclaration conjointe sur l'exécution de neuf condamnés à mort en Gambie le 23 août 2012, demandnt à l'Union Africaine et la Cedeao d'agir. Ce qui me frappe dans cette déclaration c’est qu’on apprend que la Cour d’appel gambienne n’avait pas encore statué sur le cas d’un des condamnés à mort Lamin Darboe qui avait interjeté appel de sa condamnation. Un autre condamné qui a été exécuté, Buba Yarboe, ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales.
 

Les organisations sont Article 19- West Africa, Civil Society Associations of Gambia, Federation of African Journalists, La Fédération Internationale des Journalistes, Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), Union Panafricaine des Avocats,  West African Civil Society Institute (WACSI). Voir ci-suit la déclaration publiés telle quelle :

 Meurtres d’Etat en Gambie : l’UA et la CEDEAO doivent agir

 
 


La récente exécution de neuf condamnés à mort à Banjul, suite à l’ordre donne par le chef d’Etat Gambien, Yaya Jammeh, peut être assimilée à des meurtres.

La nature imprudente de la déclaration du chef d’Etat, appelant à leur exécution alors que le cas d’au moins un des exécutés était pendant devant la Cour d’appel, ainsi que les insuffisances manifestes du système judicaire gambien font état d’une procédure injuste comparable à un meurtre prémédité.

Cette évolution de la situation est tragique et toute pression est opportune pour que nous puissions mettre un terme à ce profond mépris de la vie en Gambie.

Le monde ne peut rester indifférent alors que de tels massacres parrainés par l’Etat se poursuivent. M. Jammeh a confirmé que les personnes qui se trouvent dans le couloir de la mort, au nombre approximatif de quarante deux (42), seront exécutées d’ici la mi-septembre.

Après ces actes méprisables, ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas de savoir si la Gambie peut appliquer la peine de mort ou non, mais plutôt de savoir si un système judiciaire truffé d’imperfections et susceptible de manipulations flagrantes peut prendre des décisions impartiales sur la question de la peine de mort.

Les faits sont aberrants car même les garanties de la Constitution gambienne, bien qu‘imparfaites, n'ont pas été respectées. Le simple respect de la loi dans l'exécution d'une peine capitale, même si elle ne répond pas aux normes internationales, n’a pas été tenu. Le fait est que les droits de l’Homme à la base ont été carrément violés.

L’avocat de l’exécuté, Lamin Darboe, a déclaré que la Cour d’appel gambienne n’avait pas encore statué sur l’appel interjeté par son client au moment de l’exécution de la sentence.

Selon d’autres informations, au moment des faits incriminés le condamné Buba Yarboe ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales et se trouvait dans le même état pendant son exécution.

Il est vraisemblable que ces actes du gouvernement de Banjul vont continuer. L'Union Africaine (UA), la CEDEAO et les dirigeants africains doivent exprimer une réponse urgente et ferme – afin de faire savoir à M. Jammeh qu'il est allé trop loin et que le monde est consterné.

Le droit à la vie tel que reconnu par l'article 4 de la Charte Africaine est un des droits les plus élémentaires et sacro-saints. Toutes les caractéristiques de ce droit doivent être considérées avec la
plus grande prudence et le plus grand sens des responsabilités.

Ce qui se passe en Gambie viole tout ce que la CEDEAO et l'Union africaine (UA) représentent. C'est le comble de l'insensibilité exécutive. Ce n'est plus une question de souveraineté – derrière laquelle les dirigeants se cachent pour entériner la dictature et l'impunité. Il s'agit d'une situation d'urgence qui exige des mesures urgentes pour empêcher un meurtre et placer la protection de la vie des condamnés à mort en Gambie au-dessus de toutes les autres considérations. C'est pourquoi M. Jammeh doit être arrêté.

La CEDEAO et de l'UA doivent sans ambages dire au président Jammeh de renoncer à ses agissements d'exécution des condamnés à mort, surtout lorsqu’il est établi que la Justice et les systèmes en Gambie sont truffés d’imperfections et cèdent facilement le pas devant la pression de l’exécutif et surtout la manipulation présidentielle.

Si l'UA et la CEDEAO restent muettes sur cette question, elles enverront le mauvais message que les dirigeants africains donnent tacitement leur bénédiction à la tyrannie et à l'impunité.

Il est temps pour la CEDEAO et l'UA de dissiper l'idée selon laquelle la non-ingérence laisse place à une politique d'indifférence.

Elles, la CEDEAO et l’UA, doivent démontrer que les engagements en matière de droits de l'homme et de gouvernance auxquels elles astreignent leurs membres doivent être respectés et suivis. Le silence de la CEDEAO, de l'UA, et des différents dirigeants africains laisse penser que l'Afrique est complice du comportement irresponsable des tyrans comme Jammeh.

Il existe plusieurs options pour faire face au gouvernement de la Gambie : l'interdiction de voyager, le gel des actifs financiers et autres ressources économiques, la suspension de l'appui budgétaire, technique et du renforcement du secteur de la sécurité et du système judiciaire, la suspension de la coopération militaire, le boycott des fonctions diplomatique de l'Etat gambien. Sans oublier, dans le même temps, davantage de soutien aux organisations de la société civile, notamment celle de la diaspora gambienne.

Une combinaison de ces mesures doit maintenant être imposée à M. Jammeh et ses acolytes.

Des enquêtes internationales sur la torture, la détention illégale, les disparitions forcées et la corruption endémique devraient également être envisagées.

La Gambie a désormais démontré qu'elle ne peut plus abriter la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Le siège de la Commission devrait alors être déplacé pour lancer un signal fort et clair que l'Union africaine respecte et tient à faire respecter les droits humains. Une simple condamnation seule ne suffit pas. L'Afrique a besoin de se démarquer de ce comportement et démontrer par des actions fortes que ce genre de pratiques ne peut être tolérée ni en Gambie ni nulle part ailleurs.
FIN


Signée par:

1. Article 19- West Africa
ARTICLE 19 est une organisation indépendante des droits de l’homme qui travaille à travers le monde pour la protection et la promotion de la liberté d’expression. L’organisation tire son nom de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit la liberté d’expression.
 2. Civil Society Associations of Gambia
Civil Society Associations Gambia (CSAG) is a coalition of seven Gambian civil and human rights organizations whose objective is the restoration of democracy and the rule of law in The Gambia. The coalition is driven by an intense desire to maximize our effectiveness in dealing with the daunting problems of human rights abuses. Over the past seventeen years, violations of human rights have become a constant feature in the daily life of Gambians. CSAG is therefore, an endeavor to address the menace of human and civil rights violations and the restoration of democracy and the rule of law in The Gambia.
3. Federation of African Journalists
Défendre la liberté d’expression, et l’indépendance professionnelle des journalistes et mener une campagne vigoureuse pour la liberté de la presse en Afrique, si nécessaire en partenariat avec des gouvernements et autres organisations de la société civiles sur la base du respect du pluralisme dans les médias et de l’indépendance éditorial de toute forme d’interférence politique ou économique ;
4. La Fédération Internationale des Journalistes
La Fédération Internationale des Journalistes est la plus vaste organisation de journalistes au monde. Aujourd’hui, la FIJ représente environ 600.000 membres dans plus de 100 pays. La FIJ promeut les actions internationales visant à défendre la liberté de la presse et la justice sociale par le biais de syndicats nationaux de journalistes forts, libres et indépendants. La FIJ est indépendante sur le plan politique mais promeut les droits de l’homme, la démocratie et le pluralisme.
5. Open Society Initiative for West Africa (OSIWA)
OSIWA a pour vocation de créer des sociétés ouvertes en Afrique de l’Ouest. Notre objectif est de promouvoir la gouvernance démocratique inclusive, la transparence et le sens de la responsabilité dans la gestion des institutions ainsi que la citoyenneté active en Afrique de l’Ouest.
6. Union Panafricaine des Avocats
L'Union Panafricaine des Avocats (UPA) est l'association chapeautant les avocats et barreaux Africains. Elle regroupe les 5 Barreaux régionaux et 53 Barreaux nationaux du continent, ainsi que les avocats individuels qui en sont membres.
7. West African Civil Society Institute (WACSI)
Our aim is to strengthen the institutional and operational capacity of Civil Society Organisations to engage in policy intervention and the promotion of democratic values and principles in West Africa. 

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